Rencontre
John Alexander Pope

Quand j’ai ramené mon bébé tigre au Grand Hôtel d’Angkor, de nombreux Américains se sont intéressé à lui, qui sut accepter avec condescendance cette célébrité imprévue.

L’un d’eux, je l’ai su plus tard, était John Alexander Pope, directeur des expositions du célèbre Institut Smithsonian, de Washington, une sorte de Musée du Louvre privé, qui attirait les foules du monde entier. M.Pope demanda à faire ma connaissance, pour que je lui raconte comment j’avais trouvé Bijou dans la jungle. Il découvrit aussi les photos inédites du Cambodge et du Vietnam, qui jaunissaient dans mes tiroirs, et s’enthousiasma immédiatement pour ces images, dont la plupart étaient encore inédites.

C’est à ce moment qu’il conçut le projet de consacrer à ces photos une des futures expositions du Smithsonian Institut.

Il lui fallut deux ans pour concrĂ©tiser son  intention. Mais avec une ampleur insoupçonnĂ©e Ă  l’origine. Il organisa en effet une, exposition itinĂ©rante, qui parcourut les Etats-Unis, de musĂ©e en musĂ©e, pendant  plusieurs annĂ©es. Son thème Ă©tait Faces of Vietnam. Elle avait pour ambition de faire dĂ©couvrir aux AmĂ©ricains un aspect inconnu pour eux de l’Indochine profonde, et de ses brillantes civilisations. Le succès fut considĂ©rable.

L’exposition Ă©tait scindĂ©e en deux parties, l’une consacrĂ©e Ă  mes photos, l’autre prĂ©sentant les paysages de jeunes peintres, comme Rembrandt, Giorgione, Monet, David, et le douanier Rousseau. Pourtant, le rapprochement ne m’a pas Ă©tĂ© dĂ©favorable. Et personne ne sut que cette exposition n’aurait jamais eu lieu si Bijou n’avait un jour dĂ©cidĂ© de faire sa sieste sur la terrasse du Grand HĂ´tel d’Angkor.

La presse française ne consacra pas une ligne à l’évènement. Je n’étais pas connu à Paris, où on ne fête que les gens célèbres.